Mise au pointRétronychiesRetronychias
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Cas no 1
Une patiente de 22 ans souffrait d’un périonyxis du 1er orteil gauche depuis 3 mois, résistant à plusieurs traitements antibiotiques. À l’examen, on constatait un périonyxis très inflammatoire accompagné d’un bourgeonnement tout le long de la cuticule. L’IRM montrait la superposition de 2 tablettes unguéales, confirmant la suspicion clinique de rétronychie. Une avulsion unguéale était réalisée, retirant la totalité de l’ancienne tablette et laissant en place la nouvelle tablette. La repousse de
Clinique
Le tableau clinique de rétronychie comporte quatre critères diagnostiques :
- •
arrêt de la croissance de la tablette ;
- •
surélévation de la tablette unguéale proximale au-dessus du repli sus-unguéal ;
- •
présence d’une tablette unguéale épaissie et dyschromique ;
- •
paronychie proximale.
L’arrêt de la croissance unguéale est le premier signe clinique, même s’il n’est souvent remarqué que tardivement par le patient.
La dyschromie traduit les variations de degré d’adhésion de la tablette sur le lit et
Épidémiologie
Dans la série la plus importante (19 patients) publiée à ce jour [2], la moyenne d’âge est de 39 ans (14–71 ans) et l’on retrouve une prédominance féminine (84 %). La présence d’un granulome pyogénique du repli sus-unguéal est habituelle (32 %). Les orteils (84 %) sont plus souvent touchés que les doigts, l’atteinte reste exclusivement limitée aux gros orteils, elle peut être bilatérale (16 %). L’atteinte des doigts intéresse le pouce ou l’index. La plupart des patients décrivent un facteur
Physiopathologie
Les ongles incarnés affectent essentiellement les gros orteils et résultent d’un conflit mécanique de la tablette unguéale pénétrant dans le tissu péri-unguéal. Comme la direction de la croissance de la tablette se fait vers l’avant, elle va s’incarner sur les parties latérales (incarnation latérale, la plus fréquente) ou dans la pulpe digital distale (incarnation antérieure).
Dans la rétronychie, la tablette unguéale rentre en conflit avec le repli sus-unguéal et ce processus peut intéresser
Imagerie
Le diagnostic de rétronychie peut parfois être difficile, et l’aspect clinique faire craindre une tumeur unguéale, surtout si une onychomadèse est associée.
Wortsman et al. [3] ont montré qu’en utilisant des fréquences ultrasoniques variables on pouvait clairement visualiser en échographie les altérations anatomiques de l’appareil unguéal évocatrices de rétronychie et écarter les tumeurs ou arthropathies qui pourraient être associées à ce tableau clinique de paronychie inflammatoire. Les auteurs
Traitement
L’avulsion unguéale est le traitement des rétronychies. Des formes débutantes et peu avancées, pouvant faire discuter une onychomadèse simple, peuvent justifier une abstention thérapeutique.
Quand elle est rendue possible par le décollement postérieur de la tablette supérieure, l’avulsion par voie proximale a la préférence des auteurs. L’opérateur doit retirer non seulement la tablette supérieure, mais aussi les différentes générations de tablettes nouvelles mais non viables qu’il découvre lors
Discussion
Notre série de 6 cas confirme la nette prédominance féminine des rétronychies (6 cas sur 6). Cette pathologie affecte une population jeune (14 à 33 ans). Le diagnostic repose sur la présence des signes cardinaux :
- •
l’arrêt de la croissance de la tablette ;
- •
la surélévation de la tablette unguéale proximale au-dessus du repli sus-unguéal ;
- •
la présence d’une tablette unguéale épaissie et dyschromique ;
- •
une paronychie proximale.
Le diagnostic différentiel se pose moins avec les autres causes de
Conclusion
La rétronychie est un confit mécanique d’origine le plus souvent microtraumatique intéressant la partie postérieure de la tablette et le repli sus-unguéal. Ce tableau clinique affecte le plus souvent des femmes d’âge jeune (entre 20 et 30 ans). Le diagnostic est clinique et l’arrêt de la croissance, bien que tardif, est un signe capital, permettant de distinguer rétronychie et onychomadèse. Le traitement est chirurgical et consiste en une avulsion unguéale totale.
Déclaration d’intérêts
l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Pas de financements.
Références (8)
- et al.
Proximal in growing of the nail plate
J Am Acad Dermatol
(2008) - et al.
Retronychia: report of two cases
J Am Acad dermatol
(2008) - et al.
Retronychia in children, adolescents, and young adults: a case series
J Am Acad Dermatol
(2014) - et al.
Retronychia – proximal ingrowing nail
J Eur Dermatol Venereol
(1999)