Article de rechercheÉtude du lien parental dans l’enfance chez les enfants et adolescents avec anorexie mentaleStudy of parental bonding in childhood in children and adolescents with anorexia nervosa
Introduction
L’anorexie mentale (AM) suscite un intérêt qui n’a cessé de croître durant ces dernières décennies. C’est une pathologie grave et mortelle avec le plus haut taux de mortalité parmi tous les troubles mentaux [1]. Elle touche essentiellement les femmes avec un sexe ratio de 1/10 [2]. D’après la revue de la littérature de Roux et al., la prévalence varie de 0 à 2,2 % [3]. L’AM semble de plus en plus fréquente avec une incidence qui s’accroît dans le groupe à risque des 15–19 ans [4].
L’AM est une pathologie multifactorielle avec entre autres un dysfonctionnement familial représenté par des discordes familiales [5], [6], des exigences parentales élevées [5], [6], [7] et un attachement insécure [8], [9]. L’AM est même considérée par certains auteurs comme un trouble des relations interpersonnelles. Le professeur Corcos parle même de « pathologie du lien » [10].
Plusieurs études ont démontré qu’un attachement insécure serait un facteur de risque de développer des troubles psychiatriques [11], [12]. À l’heure actuelle, il n’existe que peu de recherches traitant des troubles des conduites alimentaires (TCA) et du fonctionnement familial ou du lien parental. La seule méta-analyse regroupant 16 études sur l’AM et 38 sur les TCA dans ce domaine retrouve une association des TCA avec l’attachement insécure avec un large effet standardisé (d = 1,31), avec des soins parentaux faibles (d = 0,51) et avec une surprotection parentale élevée (d = 0,29) [13]. En ce qui concerne spécifiquement l’AM et le lien parental, on dénombre encore moins d’études. Les premières ont été publiées autour des années 1990. Elles retrouvent des parents moins attentionnés et moins bienveillants chez les patients souffrant d’AM [14], [15], [16], [17], une association significative entre le dysfonctionnement parental et la sévérité des symptômes [14] et entre les soins maternels et paternels plus faibles et la chronicisation [17] et aucune n’ont évalué les différences en fonction de l’âge.
Nos hypothèses sont que la présence d’un dysfonctionnement du lien parental dans l’enfance serait un facteur de risque de développer une AM au cours de l’adolescence et que la présence d’un dysfonctionnement du lien parental dans l’enfance favoriserait la survenue précoce de l’AM en période péripubertaire.
Nous avons réalisé une étude pilote qui a pour objectif, dans un premier temps, d’analyser les liens parentaux chez une population d’enfants et d’adolescents présentant une AM en période péripubertaire et pubertaire. Dans un second temps, nous évaluerons s’il existe des différences en fonction de la tranche d’âge étudiée.
Section snippets
Population étudiée
Il s’agit d’une étude pilote, observationnelle qui s’est déroulée au centre hospitalier universitaire de Bordeaux. Vingt-cinq enfants et adolescents âgés de 10 à 17 ans ont été inclus dans l’étude sur une période de juin 2015 à avril 2017. Nous avons ensuite réparti les sujets en deux groupes : un groupe péripubertaire correspondant aux patientes atteintes d’AM d’âge inférieur à 14 ans au moment de l’inclusion et un groupe pubertaire correspondant aux patientes de 14 à 17 ans inclus.
Les critères
Analyse descriptive
Sur 30 sujets éligibles au protocole, 29 répondaient aux critères d’inclusion et quatre familles ont refusé de participer à l’étude. L’étude concerne ainsi 25 patientes. L’ensemble des résultats est décrit dans le Tableau 1.
L’ensemble des patients est de sexe féminin. L’âge moyen est de 14 ans. Soixante pour cent des sujets présentent des antécédents psychiatriques familiaux. 68 % présentent une AM de type restrictif. En ce qui concerne les styles parentaux, la moitié est « optimale », 12 %
Discussion
Les objectifs de notre étude étaient d’analyser les liens parentaux cotés chez une population d’enfants et d’adolescents présentant une AM et d’évaluer l’existence de différences en fonction de la tranche d’âge étudiée. Le groupe péripubertaire et pubertaire ont été définis de façon à obtenir des groupes équilibrés et en lien avec les données de la littérature sur la survenue de l’AM à l’adolescence. À cette période, on retrouve une incidence accrue de l’AM [4], des remaniements importants des
Déclaration de liens d’intérêts
M.P.B. Congrès : invitations en qualité d’auditeur pour H.A.C. Pharma.
M.P.B. Congrès : invitations en qualité d’intervenant et d’auditeur pour Shire. Les autres auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Remerciements
Nous remercions le docteur Pommereau et son service pour le recrutement des patients.
Références (32)
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Épidémiologie de l’anorexie mentale : revue de la littérature
L’Encéphale
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Risk factors across the eating disorders
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Approche psychanalytique de l’anorexie mentale
Nutr Clin Metab
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A systematic review and meta-analysis of “Systems for Social Processes” in eating disorders
Neurosci Biobehav Rev
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Antécédents familiaux de troubles anxieux et de troubles de l’humeur dans l’anorexie mentale
L’Encéphale
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La fratrie de l’adolescente anorexique : apports pratiques d’une étude clinique
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Excess mortality of mental disorder
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Epidemiology of eating disorders: incidence, prevalence and mortality rates
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Toward an understanding of risk factors for anorexia nervosa: a case-control study
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