Santé publiqueTroubles du spectre autistique et suicidalitéAutism spectrum disorder and suicidality
Introduction
Les troubles du spectre autistique sont définis par des altérations quantitatives et qualitatives des interactions sociales et de la communication associées à des intérêts restreints et des activités et/ou comportements stéréotypés [1]. La prévalence de ces troubles atteint 7 cas sur 1000 dans une population de moins de 20 ans [2]. Les hommes sont atteints 3 à 4 fois plus que les femmes [3]. Les formes sans retard mental représentent 70 % de l’ensemble des troubles du spectre autistique [4]. La vulnérabilité issue des symptômes autistiques et développementaux semble faire de ces sujets un groupe particulièrement à risque suicidaire.
La suicidalité est une notion globale qui inclut les indices suicidaires suivants : pensées suicidaires, idéations, plans, tentatives de suicide et suicide accompli. Elle a été proposée dans la stratégie nationale de prévention du suicide en France (2001) et reprise à l’établissement d’une conférence de consensus [5]. Il est ainsi défini des sujets suicidaires, risquant d’attenter à leur propre vie, des sujets suicidants, ayant commis une tentative de suicide et des sujets suicidés, décédés par suicide. Le passage à l’acte correspondrait à la résultante de l’interaction entre des facteurs précipitants et une vulnérabilité individuelle. Ainsi, des événements de vie stressants (une maladie aiguë, un deuil, la victimisation par les pairs, un abus physique ou sexuel) et l’accessibilité à des moyens potentiellement létaux favoriseraient le passage à l’acte chez les sujets vulnérables, du fait de comorbidités (trouble dépressif, trouble anxieux, symptômes psychotiques positifs…), de traits de personnalité particuliers, d’un abus de substance ou d’une vulnérabilité familiale au suicide [6], [7]. Selon une revue de la littérature concernant 513 188 adolescents au travers de 128 études en population scolaire ou générale, 9,7 % des adolescents ont tenté de mettre fin à leurs jours au moins une fois, tandis que 29,9 % ont pensé à le faire [8]. Ce chiffre atteint 48 % chez les jeunes adultes [9].
Si la plupart des études sur le suicide excluent les sujets souffrant d’un trouble du spectre autistique et/ou d’un retard mental, il n’est pour autant ni nouveau, ni exceptionnel. En 1981 déjà, Wing rapportait trois sujets ayant attenté à leurs vies après des stress professionnels mineurs parmi les 18 sujets présentant un syndrome d’Asperger [10]. L’objet de cette revue de la littérature est d’exposer les caractéristiques cliniques et épidémiologiques de la suicidalité chez les sujets souffrant de troubles du spectre autistique, afin d’identifier les facteurs favorisant le passage à l’acte.
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Méthode
Cette revue a été réalisée à partir de l’ensemble des données recueillies dans Medline sur PubMed, associant au moins un des items caractérisant la population étudiée « autism spectrum disorder », « pervasive developmental disorder », « Asperger's syndrome », à au moins un des items de suicidalité « suicide », « suicide attempt », « suicide behavior ». Toutes les études issues de cette recherche, rapportant des sujets suicidaires, suicidants ou suicidés qui présentaient un trouble du spectre
Caractéristiques cliniques et épidémiologiques
Dans la description des caractéristiques cliniques et épidémiologiques, nous séparerons les études en population adulte des études en population infantile.
Discussion
Sur l’ensemble des sujets issus de notre recherche sur PubMed, 7,7 % des sujets pris en charge pour des idées suicidaires ou une tentative de suicide présentent un trouble du spectre autistique (62 sujets sur 806), tous âges confondus. Parmi les sujets souffrant d’un trouble du spectre autistique, 21,3 % présentent un indice de suicidalité (115 sujets sur 539), tous âges confondus.
Les idées suicidaires et les préoccupations autour de thèmes morbides ne sont pas exceptionnelles chez les sujets
Conclusion
Les sujets présentant un trouble du spectre autistique sont à risque de suicide. Devant la diversité des facteurs en cause dans le risque suicidaire de cette population, c’est la prise en charge globale de ces patients qui est à considérer. Il ne s’agit pas de valider « un » programme d’intervention, mais bien d’appliquer « des programmes personnalisés » d’intervention. Leur mise en place doit être la plus précoce possible afin d’intervenir au moment où l’encéphale dispose de la plus grande
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Références (40)
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Suicidal phenomena and abuse in adolescents: a review of epidemiological studies
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Clinical features of suicide attemps in adult with autism spectrum disorder
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Frequency and clinical features of pervasive developmental disorder in adolescent suicide attempts
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Suicidal behavior in children and adolescents with developmental disorders
Res Dev Disabil
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The prevalence and correlates of abuse among children with autism served in comprehensive community based mental health settings
Child Abuse Negl
(2005) - et al.
The psychiatric interview in the emergency department
Emerg Med Clin North Am
(2000) - et al.
Troubles anxieux dans les troubles envahissants du développement sans retard mental : état des lieux chez les enfants et les adolescents au travers d’une revue de la littérature
Encéphale
(2012) - et al.
Incidence and predictors of suicidal behaviors in a longitudinal sample of young adolescents
J Am Acad Child Adolesc Psychiatry
(1998) Diagnostic and statistical manual of mental disorders
(2000)Autisme et autres troubles envahissants du développement. État des connaissances hors mécanismes physiopathologiques, psychopathologiques et recherche fondamentale
(2010)