Article original
Effets de la musicothérapie en réanimation hors sédation chez des patients en cours de sevrage ventilatoire versus des patients non ventilésEffects of music therapy in itensive care unit without sedation in weaning patients versus non-ventilated patients

https://doi.org/10.1016/j.annfar.2006.09.002Get rights and content

Résumé

Objectif

Évaluer l'effet de la musicothérapie sur les paramètres hémodynamiques et respiratoires, sur l'état d'éveil–vigilance et sur la douleur chez les patients de réanimation.

Type d'étude

Prospective, randomisée en cross-over.

Patients et méthodes

Trente patients hors sédation ont été inclus et répartis en deux groupes (non intubés ; n = 15 et intubés en cours de sevrage ventilatoire ; n = 15). Les patients recevaient après randomisation soit une séance de musicothérapie de 20 minutes de leur choix selon le protocole validé du montage en U, soit une séance de repos de 20 minutes. La fréquence cardiaque (FC), la pression artérielle systolique (PAS), la fréquence respiratoire (FR) étaient mesurées toutes les cinq minutes. Avant et après la musicothérapie, l'état d'éveil–agitation était évalué par l'échelle de Richmond (RASS : –5 à +4) et par l'index bispectral (BIS), et la douleur par l'échelle visuelle numérique (EVN : 0–10).

Résultats

La musicothérapie permettait une diminution significative de la FC (88 ± 15 vs 82 ± 15 b/min, p < 0,05), de la PAS (137 ± 17 vs 128 ± 14 mmHg, p < 0,05), de la FR (25 ± 3 vs 22 ± 4 c/min, p < 0,05), du BIS ( ± 5 vs 81 ± 10, p < 0,01), du RASS (+0,1 ± 0,7 vs –0.7 ± 0,9, p < 0,05) et de l'EVN (4,4 ± 1,7 vs 1,9 ± 1,3, p < 0,01). On observait une corrélation entre les variations musicales (rythmiques) utilisées dans le montage en U et les paramètres physiologiques (FC, PAS, FR, BIS). Les variations dues à la musicothérapie étaient observées dans les mêmes proportions chez les patients intubés et non intubés. La musicothérapie n'a pas pu être réalisée chez cinq patients.

Conclusion

La musicothérapie diminue l'anxiété, la douleur et permet une relaxation de façon comparable chez les patients de réanimation non intubés et intubés en cours de sevrage ventilatoire.

Abstract

Objectives

Music has been found to be an effective nonpharmacologic adjunct for managing anxiety and promoting relaxation in limited trials of critically ill patients. However, its effects have not been compared in intubated patients during weaning from mechanical ventilation with non-intubated patients spontaneously breathing.

Study design

A cross-over randomized experimental design.

Patients and Methods

Thirty patients were studied (intubated group n = 15, non-intubated group n = 15). Patients were randomized to receive either 20 minutes of uninterrupted rest or then 20 minutes of music therapy or the music therapy first and then the uninterrupted rest period. Patients selected a relaxing music of their choice from a selection including different types of music. Heart rate (HR), systolic blood pressure (SAP), respiratory rate (RR) and bispectral index (BIS score) were recorded each 5-min intervals throughout both periods (rest and music). Agitation/sedation state and pain were evaluated by the Richmond-Agitation-Sedation-Scale (RASS) and the Numerical-Rating-Scale (NRS) respectively, before and after each studied periods. Music have not been performed in five patients (5/35 = 14%).

Results

Music significantly decreased HR (88 ± 15 vs 82 ± 15, P < 0.05), SAP (137 ± 17 vs 128 ± 14, P < 0.05), RR (25 ± 3 vs 22 ± 4, P < 0.05), BIS (94 ± 5 vs 81 ± 10, P < 0.01), RASS (+0.1 ± 0.7 vs –0.7 ± 0.9, P < 0.05) and NRS (4.4 ± 1.7 vs 1.9 ± 1.3, P < 0.01) in both intubated and non-intubated groups whereas no significant change was observed during the rest period. The variations level studied parameters induced by music were comparable for the two groups.

Conclusion

A single music therapy session was found to be effective for decreasing anxiety and promoting relaxation, as indicated by decreases in heart rate, blood pressure, BIS and respiratory rate over the intervention period in intubated patients during weaning phase.

Introduction

L'assistance ventilatoire est le premier support utilisé en réanimation [1]. Malgré ses effets incontestables dans le traitement des insuffisances respiratoires aiguës et chroniques, la ventilation mécanique délivrée à travers une sonde d'intubation peut entraîner plusieurs effets indésirables parmi lesquelles la douleur, l'agitation, l'anxiété, l'angoisse et l'inconfort [2], [3], [4], [5], [6]. Afin de réduire ces effets indésirables, le médecin a le plus souvent recours à des thérapeutiques pharmacologiques utilisant principalement des anxiolytiques et des antalgiques morphiniques ou non, pouvant être eux-mêmes à l'origine d'effets indésirables [2], [3], [4], [5], [6]. Afin de réduire les effets indésirables de certains médicaments et de diminuer l'anxiété et la douleur chez les patients de réanimation, certains auteurs ont proposés d'utiliser des thérapeutiques non pharmacologiques [2] telles que la musicothérapie [7], [8], [9], [10], [11], [12], [13], [14], [15].

La musicothérapie a été définie par Biley [16] comme « une technique contrôlée d'écoute musicale utilisant son influence physiologique, psychologique et émotionnelle sur la personne durant le traitement d'une maladie ou d'un traumatisme ». Elle est aussi définie par Munro [17] comme : « L'utilisation intentionnelle des propriétés et du potentiel de la musique et de son impact sur l'être humain ». La musicothérapie pourrait améliorer l'état psychophysiologique par un effet de relaxation et une sensation de bien-être qu'elle procure.

Quelques études ont été réalisées pour évaluer l'effet d'une séance de musicothérapie chez les patients en réanimation sous ventilation mécanique [7], [8], [10], [12], [14], [15]. Les résultats de ces études montrent que la musique diminue l'anxiété, l'agitation et la douleur.

À notre connaissance, aucune étude en réanimation n'a, d'une part, étudié l'effet de la musicothérapie en utilisant le même protocole chez des patients intubés au cours du sevrage de la ventilation artificielle et des patients non intubés, et d'autre part, comparé l'amplitude des variations des paramètres étudiés entre ces deux groupes de patients.

Le but de cette étude observationnelle en cross-over était d'évaluer l'effet d'une séance de 20 minutes de musicothérapie sur les paramètres hémodynamiques et respiratoires, sur la douleur, et l'état d'éveil–vigilance chez des patients intubés et non intubés de réanimation.

Section snippets

Consentement

La législation française sur la bioéthique ne requiert pas l'avis d'un CCPPRB pour ce type d'étude en l'absence d'atteinte à l'intégrité physique et psychique des personnes hospitalisées. Un simple consentement oral était recueilli avant l'inclusion dans l'étude.

Population étudiée

Les patients inclus étaient hospitalisés dans l'unité de réanimation médicochirurgicale du département d'anesthésie et de réanimation B (16 lits) du centre hospitalier universitaire de Montpellier. Trente patients de réanimation étaient

Description des deux groupes

Trente-cinq patients ont été inclus consécutivement pendant les quatre mois de l'étude. La musicothérapie n'a pas pu être réalisée chez cinq patients (5/35 = 14 %). Trois patients ont refusé d'avoir la séance de musicothérapie après avoir mis le casque et deux patients du groupe intubé ont mal supporté la musique et ont retiré le casque après cinq et huit minutes de musicothérapie. Au total, 30 patients ont été inclus pour l'analyse répartis en deux groupes de 15 patients (intubés et non

Discussion

L'objectif de cette étude était d'évaluer les effets d'une séance de musicothérapie en réanimation sur les principaux paramètres physiologiques (hémodynamiques, respiratoires, éveil et douleur) chez des patients intubés en cours de sevrage de la ventilation artificielle et de les comparer aux effets obtenus selon les mêmes modalités chez des patients de réanimation non intubés. Les principaux résultats de ce travail montrent qu'une séance de musicothérapie de 20 minutes permet de diminuer

Conclusion

Les résultats obtenus dans notre étude suggèrent l'efficacité de la musicothérapie chez les patients de réanimation aussi bien intubés que non intubés en cours de sevrage ventilatoire. L'apport de la musicothérapie en réanimation, par son action psychophysiologique pourrait participer efficacement à l'amélioration du vécu des patients en diminuant l'anxiété et la douleur morale et/ou physique. En effet, la musicothérapie, intervention non invasive et/ou non pharmacologique (marqueurs de

Références (26)

  • A. Rotondi et al.

    Patients' recollections of stressful experiences while receiving prolonged mechanical ventilation in an intensive care unit

    Crit. Care Med.

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  • G. Chanques et al.

    Impact of systematic evaluation of pain in intensive care unit

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  • J. Byers et al.

    Effect of a music intervention on noise annoyance, heart rate, and blood pressure in cardiac surgery patients

    Am. J. Crit. Care

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  • Cited by (82)

    • Using Music for the Prevention of Delirium in Patients After Coronary Artery Bypass Graft Surgery: A Randomized Clinical Trial

      2022, Journal of Cardiothoracic and Vascular Anesthesia
      Citation Excerpt :

      Jaber et al. assessed the role of music intervention in older patients with trauma in the ICU. They observed significant differences in HR, and systolic blood pressure, pre-/postmusic listening.43 Also, Chlan et al. assessed the efficacy of music therapy on HR and RR for patients receiving ventilation.

    • Music therapy in anaesthesia and intensive care

      2020, Praticien en Anesthesie Reanimation
    • The Effect of Music on Pain in the Adult Intensive Care Unit: A Systematic Review of Randomized Controlled Trials

      2020, Journal of Pain and Symptom Management
      Citation Excerpt :

      In four studies, a total of nine participants of 107 participants who received music expressed dislike of the selected music.28,31,33,34 In addition, four other participants expressed dislike of the headphones in two studies.33,34 In post-RCT patient interviews conducted by Ames et al.,33 some participants reported that the music interfered with their ability to communicate with others or with their self-dosing via patient-controlled analgesia because of falling asleep while the prerecorded music was playing.

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    Les auteurs déclarent ne pas bénéficier de sources de financement autre qu'hospitalier et qu'il n'existe pas de conflit d'intérêt commercial ou associatif.

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