Mémoire original
Épidémiologie et prise en charge des onychomycoses en pratique dermatologique libérale en FranceEpidemiology and management of onychomycosis in private dermatological practice in France

https://doi.org/10.1016/j.annder.2008.05.004Get rights and content

Résumé

Introduction

La prévalence des onychomycoses semble augmenter depuis plusieurs années, justifiant des enquêtes épidémiologiques à intervalles réguliers. Les modes de prise en charge des onychomycoses par les dermatologues libéraux sont mal connus. Cette étude a pour but de mieux connaître l’épidémiologie des onychomycoses en France et leur prise en charge par les dermatologues libéraux.

Méthodes

Quatre cent quatre-vingt-cinq dermatologues libéraux répartis sur l’ensemble du territoire français ont participé à l’étude. Pour chaque patient chez qui le diagnostic clinique d’onychomycose était porté entre septembre 2001 et décembre 2002, les renseignements suivants étaient relevés : le sexe, l’âge, les pathologies associées, le pratique d’un sport, le type d’onychomycose diagnostiqué cliniquement, le prélèvement mycologique effectué ou non et le résultat éventuel, la nature des traitements prescrits.

Résultats

Quarante-sept pour cent des patients, soit 1826, ont eu un prélèvement mycologique. Les résultats que nous rapportons concernent les 1200 patients pour lesquels l’examen mycologique a permis d’identifier un agent fongique. Quarante-quatre pour cent présentaient une atteinte de la région matricielle. Les pathologies associées étaient le diabète (5 % des cas), le psoriasis (4,5 %), l’immunodépression (1 %) et la vasculopathie périphérique (5 %). L’onychomycose était localisée aux orteils (88,7 % des cas), aux doigts (8,7 %) ou à la fois aux doigts et aux orteils (2,6 %). Les diagnostics cliniques sur les orteils étaient une onychomycose sous-unguéale distale (74,2 % des cas), une leuconychie superficielle (11,1 %), une onychomycose sous-unguéale proximale (3,3 %) ou une onychomycodystrophie totale (11,4 %). Aux orteils, un dermatophyte était en cause dans 84 % des cas, une levure dans 8 % et une moisissure dans 6 % des cas. Aux doigts, un dermatophyte était en cause dans 37 % des cas, une levure dans 55 % et une moisissure dans 8 % des cas. Une monothérapie a été prescrite à 35 % des patients et une bithérapie à 65 %. Les traitements systémiques représentaient 59 % des monothérapies prescrites.

Discussion

Cinquante-trois pour cent des onychomycoses étaient traitées sans prélèvement fongique préalable, par une monothérapie, dans 35 % des cas ; 59 % de ces monothérapies étaient un traitement systémique, alors qu’une atteinte matricielle n’était en cause que chez 44 % des patients. Ces résultats incitent à poursuivre les efforts de formation en accord avec les recommandations émises par la Société française de dermatologie.

Summary

Background

Increasing prevalence of onychomycosis has been observed in recent years and regular epidemiological studies of the disease are thus necessary. In addition, treatment of onychomycosis by private dermatologists needs to be better understood. This study was carried out to improve knowledge about the epidemiology of onychomycosis and its management in private practice in France.

Patients and methods

Four hundred and eighty-five private dermatologists practising throughout France took part in the study. Between September 2001 and December 2002, they collected the following data for each patient with clinically diagnosed onychomycosis: age, gender, concomitant diseases, regular practice of sport, clinical type of onychomycosis, mycological sampling and results, treatment type, monotherapy or combined therapy.

Results

Forty-seven percent of patients (i.e. 1826) underwent mycological sampling. In 1200 cases, a fungus was identified. The results for these 1200 patients were as follows: 44% of patients had matrix involvement. Associated diseases were: diabetes (5%), psoriasis (4.5%), immunosuppression (1%) and peripheral vasculopathy (5%). Onychomycosis involved the toes in 88.7% of cases, the fingers in 8.7% and both toes and nails in 2.6%. In the toes, the clinical diagnosis was subungual distal onychomycosis in 74.2% of cases, superficial leuconychia in 11.1%, proximal subungual onychomycosis in 3.3%, and total onychomycodystrophy in 11.4%. In the toes, a dermatophyte was isolated in 84% of cases, yeast in 8% and a mould in 6%. In the fingers, a dermatophyte was isolated in 37% of cases, yeast in 55% and a mould in 8%. Monotherapy was prescribed to 35% of patients and combined therapy in 65%. Oral treatment represented 59% of monotherapies.

Discussion

The main results of our study are that dermatologists do not perform any mycological sampling before treating onychomycosis in 53% of cases; in 56% of cases, onychomycosis does not involve the nail matrix; onychomycosis is localized in the toes 10 times more often than in the fingers; the distal subungual clinical form represents more than 70% of cases, in fingers and toes; in the toes, the total onychomycodystrophy clinical form represents 11.4% of cases; dermatologists prescribe monotherapy in 35% of cases, with 59% of these monotherapies comprising an oral treatment, while matrix involvement is present in only 44% of cases.

Conclusion

Continual medical education efforts must be continued concerning onychomycosis diagnosis and management in accordance with the French Dermatological Society recommendations.

Section snippets

Méthodes

Une invitation à participer à l’étude a été adressée à 3500 dermatologues libéraux exerçant en France. Quatre cent quatre-vingt-cinq, répartis sur l’ensemble du territoire, ont accepté. Il leur était demandé de remplir, pour les dix premiers patients chez lesquels ils porteraient un diagnostic clinique d’onychomycose entre septembre 2001 et décembre 2002, une fiche comportant les renseignements suivants :

  • le sexe, l’âge, les pathologies associées éventuelles (diabète, psoriasis,

Résultats

Les 485 dermatologues participants ont rempli 3 881 fiches. Parmi les 3879 fiches analysables, 56 % concernaient des femmes et 44 % des hommes. La répartition de l’âge des malades est montrée (Fig. 1). Les malades ayant eu un prélèvement mycologique étaient au nombre de 1826, soit 47 % de l’ensemble. Sur ces 1826 prélèvements mycologiques, 1200 ont permis d’identifier un agent fongique, 250 étaient stériles et 376 résultats n’étaient pas interprétables. Les résultats des prélèvements stériles,

Discussion

Cette étude épidémiologique est la plus large à ce jour en France qui ait recueilli des données à la fois cliniques, mycologiques et thérapeutiques concernant le diagnostic et la prise en charge des onychomycoses en pratique dermatologique de ville.

La première donnée qu’apporte ce travail, peut-être la plus importante, concerne la faible fréquence des demandes d’examens mycologiques faites par les dermatologues libéraux, puisque seulement 47 % ont prescrit un prélèvement pour confirmer leur

Conclusion

Les résultats marquants de notre étude sont que les dermatologues traitent les onychomycoses sans prélèvement fongique préalable dans 53 % des cas ; que 56 % des atteintes sont non matricielles ; que l’onychomycose touche dix fois plus souvent les orteils que les doigts ; que la forme clinique dite « sous-unguéale distale » représente plus de 70 % des aspects cliniques observés, aux doigts comme aux orteils ; qu’au niveau des orteils l’onychomycodystrophie totale représente 11,4 % des cas ; que

Conflits d’intérêts

Le Dr F. Guibal a été salarié des laboratoires Galderma jusqu’en 2004. Le Dr R. Baran n’a déclaré aucun conflit d’intérêt. Le Dr E. Duhard n’a déclaré aucun conflit d’intérêt. Le Dr M. Feuilhade n’a déclaré aucun conflit d’intérêt.

Remerciement

Ce travail a été effectué avec le soutien des laboratoires Galderma.

Références (12)

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    Les onychomycoses

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    Peut-on chiffrer la fréquence des onychomycoses ?

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    Prevalence of dermatophyte onychomycosis in the United Kingdom: results of an omnibus survey

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    Prevalence of onychomycosis in patients attending a dermatology clinic in northeastern Ohio for other conditions

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  • Onychomycosis: Clinical overview and diagnosis

    2019, Journal of the American Academy of Dermatology
  • Onychomycosis: Which fungal species are involved? Experience of the Laboratory of Parasitology-Mycology of the Rabta Hospital of Tunis

    2018, Journal de Mycologie Medicale
    Citation Excerpt :

    In 25% of cases, the etiology of these onychomycoses was dermatophytic, with T. rubrum as the main isolated species in both hands and feet. This result agrees with many previous reports [3,5,8,12] (Table 4). In our study, we reported only two cases of onychomycosis in toenails due to molds, one with Aspergillus flavus and the other with Scopulariopsis brevicaulis.

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