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Ernest Fourneau,

fondateur de la chimie thérapeutique

française : feuillets d'album

LE 8 janvier 1986, je prononçais l'éloge de mon Père au cours de la séance publique annuelle de l'Académie Nationale de Pharmacie (1). Certains aspects significatifs de sa vie, de sa personnalité et de ses origines ancestrales n'avaient pu y trouver leur place. Je les évoquerai ici, en reprenant, au prix de quelques redites que le lecteur voudra bien me pardonner, la trame de mon précédent exposé.

J'apporterai d'abord quelques précisions sur les origines de la famille Fourneau.

Il faut pour cela nous transporter quatre cents ans en arrière — en un temps où les guerres de religion faisaient rage en France et aux Pays-Bas

— et en un lieu du Béarn, proche du Pays-Basque, où les sept étoiles majeures de la constellation d' Orion semblent s'être projetées sur la terre. Bételgeuse donnant naissance à Navarrenx, Bellatrix à Orthez, Rigel à Bellocq, Saïph à Sauveterre-de-Béarn 1, et les trois étoiles du baudrier — les « trois mages »

— à trois villages qui s'appellent justement Orion, L'Hôpital-d' Orion et Orriule. A mi-chemin entre Orion et L'Hôpital-d' Orion se dresse encore aujourd'hui la maison Hournau (fig. 1). De nouveaux propriétaires, en la dégageant des ronces qui l'envahissaient, viennent d'y découvrir une date : 1583. D'après certains documents d'archives, il est très vraisemblable qu'elle a été construite à cette date, sur un domaine de 43 hectares, par un huguenot nommé Charles Fourneau, sieur de Cruckembourg, abandonnant son Brabant natal ravagé par les troupes espagnoles pour venir se mettre sous la protection du chef des protestants de France, le roi de Navarre qui n'était pas encore Henri IV.

Quoi qu'il en soit, au début du XVIIe siècle, le nom de la maison s'était béarnisé (le F initial transformé en H) et sa propriétaire — la « dame de la maison Hournau » — s'appelait Jeanne de Daurade, du nom de son mari ;

REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XXXIV, N° 275, DÉCEMBRE 1987.